Faites coder vos futures recrues (une journée entière, en conditions réelles)

Cela fait quelques fois désormais qu’en discutant recrutement tech deci delà avec d’autres startupers / CTOs je me rends compte que mon process se démarque un peu et dénote parfois avec originalité par “sa journée test”.

Je ne pense pas avoir là trouvé la solution idéale, puisque malgré cela je n’ai pas fait que des recrutements heureux, parce que cela prends du temps et que ce n’est pas adapté à toutes les typologies de boîtes (cela marche pour nous en tout cas en ce moment), mais je pense que cela vaut le coup d’être tenté au moins pour quelques profils clés.

Dans mon process type de recrutement, il y a tout d’abord une phase amont où on apprends mon candidat et moi à se connaître sur le papier, puis ensuite lors d’un premier entretien. Là, je présente de la façon la plus limpide et franche ce que nous faisons, là où nous sommes bons, là où nous sommes mauvais, comment nous fonctionnons, et surtout, ce que j’attends du candidat pour le poste en question : pour pas qu’il n’y ait de zones d’ombres pour le candidat, sur l’environnement de travail et la mission envisagée. Et aussi pour le mettre en confiance en commençant à parler. Là, j’attends ensuite qu’il joue cartes sur table et me montre via des projets (open source, perso, pro, académiques) ce qu’il sait faire, ce qu’il aime faire, ce qu’il aime moins faire, et ce qu’il aimerait faire. Je pense qu’à cet entretien, j’essaye de jauger durant 40% du temps de l’entretien les compétences techniques de mon candidat, et le reste du temps sa personnalité, sa motivation, et le fit potentiel pour l’équipe. Et aussi occasionnellement ses “prétentions salariales” ;)

En général, sur 10 candidats initiaux, deux réellement se démarquent et m’intéressent suite à ce process. C’est à ce moment là que je propose une journée de test en condition réelle dans nos locaux.

L’intérêt de cette journée est double:

  • Pour le candidat : ça lui permet de voir réellement la qualité du code, des développements, de ses futurs collègues et l’ambiance de la startup durant toute une journée. Ce point est très important pour moi, car c’est à mon sens un raison majeure des mauvais recrutements: de fausses / mauvaises promesses (involontaires la plupart du temps) à l’embauche qui vont rapidement démotiver le développeur une fois in situ.
  • Pour moi recruteur, mais aussi pour mes développeurs, c’est le moyen de tester le candidat en live / en pair coding sur des réels problèmes de codes de la solution. Cela ne me sert pas à grand chose à priori un cador dans un domaine si au bout d’une demie journée je ne le vois pas force de propositions ingénieuses (pas forcément correctes hein) sur une réflexion réelle et business appliquée à mon cas réel. Certains candidats performent étonnamment bien sur des entretiens amont et des problèmes “types” d’entretien, et sont relativement “plats” en vrai. Cette journée permet aussi de jauger de la rapidité d’assimilation / réflexion / implémentation / proposition d’idées du candidat, en situation réelle toujours. C’est un point important que j’ai toujours trouvé difficilement quantifiable sans cette journée de test. Enfin, cela me permet de récolter plusieurs points de vue suite à cette journée, ceux de mes développeurs (trouvent-ils qu’il a le niveau ? se voient-ils travailler avec lui ?) et même ceux de mes commerciaux, ou tout autre domaine-related employé de la boite. Une nouvelle recrue dans une équipe, c’est certes un nouveau profil qui doit correspondre à une certaine attente, un certain profil, mais aussi une pièce de puzzle qui doit s’assembler avec les existantes déjà présentes, et cela a parfois autant de poids que la nouvelle pièce en elle-même.

Attention, cette journée est une journée bien huilée et préparée. Sans un minimum de préparation, cela ne servirait pas à grand chose, et serait plus une perte de temps. On ne catapulte pas un nouveau venu n’importe comment dans l’arène ;)

Le programme :

  • Bien souvent, je fais un petit tour du propriétaire avec le candidat, aussi bien au niveau de l’équipe que de l’archi et de certains bouts de code. Cela dure une petite heure.
  • Le candidat va ensuite rejoindre la team qu’il serait amené à compléter, et va cotoyer chaque dev de celle-ci entre 30 minutes et une heure. Ce temps sert pour chaque dev à expliquer son quotidien, et passer un peu de temps en pair coding afin de challenger le candidat et le jauger, chacun un peu à sa sauce (certains sont plus vicieux que d’autres, et bien plus souvent que moi).
  • Tout cela nous porte généralement au déjeuner tardif (14h): là c’est l’occasion pour une grande partie de la team de partager le repas avec le candidat et de se détendre autour d’un ping pong.
  • Suite à cela, il reste 1-2 heures de travail où le candidat est placé seul sur un sujet qu’il aura abordé et auquel il aura été “formé” par un autre dev le matin, afin de le continuer seul et de jauger en fin de journée sa rapidité, sa rigueur, sa technicité.

Cela fait une journée bien remplie, pour le candidat comme pour moi, où je dois trouver le plus de disponibilité au sein de mon équipe et avec un ou deux challenges techniques accessibles pour ce candidat (une matinée pour apprendre et s’immerger en pair coding, une aprèm pour y travailler seul).

Cela doit facilement prendre 4 heures de temps homme à la boite au niveau de la salle dev, 3 heures de “formation”/”culture gé” dispensé au candidat, et 2-3 heures de travail “effectif” réalisé par ce dernier. Il est à noter que cette journée n’est jamais rémunérée (mais dédommagée niveau transport et dejeuner) et que le travail effectué par le candidat est rarement repris (car même si le travail est bon, il ne sera jamais suffisant en l’état pour intégrer la branche principale, sans être lourdement refactorisé, et par conséquent, souvent repris from scratch par un des devs de la team).

Et vous, avez-vous ce genre de journée dans vos process de recrutement ? Avez-vous d’autres “curiosités” notables ?

Ce complot mondial des hackathons

Mon ami Liam a récemment jeté un pavé dans la mare avec ce billet au sujet des hackathons et introduisant son nouveau concept de coding in the dark.

Je n’ai pas souvenir d’avoir lu déjà (si vous avez de bonnes ressources, je suis preneur) de point de vue similaire à ce sujet, et une telle vérité sans masque ni hypocrisie:

Let’s face it. Hackathons suck. I’ve been to about a dozen of them, as a developer, as a mentor, as a jury member, and as press. Here’s what I’ve noticed.

Developers just want to code, but they have to pitch a business at the end. Juries just want to meet developers, but they get stuck with some B-School student talking about viral engagement and the mobile revolution. And Sponsors – well, Sponsors, after a weekend of hocking your company, you get the stiff reward of knowing that the 3rd place winner and the runner up for best UX used your API. Congratulations.

Pour avoir participé / suivi / sponsorisé des rendez-vous de la sorte, au bout d’un certain temps je suis arrivé à un constat similaire. Ces hackathons, qui, sur le papier, sont une bonne initiative pleine de bonne volonté et éventuellement de potentiel fun, business, etc. sont à mon sens souvent une perte de temps pour les participants et une bonne intention maladroite de la part des organisateurs.

Les bonnes idées/valeurs sur le papier du hackathon :

  • Se sortir les doigts du c** et taffer pour faire des rencontres et gagner en XP, en apprendre plus sur soi même en équipe et temps limité
  • Valider une idée business, faire adhérer des personnes / adhérer à une idée business et travailler dessus avec des personnes
  • Rencontrer de potentiels co-founders de tous horizons
  • Apprendre : en général et sur soi-même

Et je dois en oublier quelques unes.

Les (plus réelles) vérités de la plupart des hackathons :

  • Des teams bancales (90% de devs ou 90% de biz/produit)
  • Des sites statiques (limite powerpoint) qui ne prouvent rien niveau techno ou produit
  • Du crappy code spaghetti qui a juste fait perdre un week end à des devs et qui ne leur a rien appris
  • Des bizguys persuadés de tenir l’idée du siècle et qui perdurent des mois sur l’idée bancale trouvée du week end (et qui sortent le sempiternel “go viral” pitch)
  • Une horde de rapaces qui gravitent au sein de l’écosystème startup et qui cherchent de nouveaux pigeons à encadrer / mentorer dans leur projet et projets futurs (moyennant finance, parts de boite, etc..)
  • Des serials hackathoniens drogués qui se font leur fix et que l’on retrouvera au prochain sur une idée nouvelle (et peu évolué entre les deux)
  • De la fatigue, du bruit et pas de tant de fun que cela

Et je dois en oublier à nouveau quelques unes.

Et tous les gens qui auront perdu leur week end diront le lundi matin à leurs collègues qu’ils ont taffé sur un truc énorme, avec une team sympa, une organisation en or, des gens très intéressants et intéressés par eux et leurs projets avec qui ils ont gardé contact: et rejoindront ainsi le complot mondial des hackathons..

Bon, ok, je force un peu le trait.. Tous les hackathons ne sont pas tous mauvais, bien entendu :)

Les hackathons sont sur le papier une bonne idée, mais chaque personne doit en amont bien cibler son hackathon en fonction de ce qu’il recherche et de son niveau de connaissance startup / technique, sous peine de ne pas trouver ce qu’il recherche et perdre son temps.

  • Pour les tous novices, un petit hackathon “général” (startup weekend, bemyapp..) est un bon moyen de rentrer dans le bain startup. Pour des bizguys tous frais et des devs troglodytes, c’est l’occasion de se frotter un peu les uns aux autres et de faire connaissance, de voir comment travailler ensembles. Mais ce n’est pas là que vous trouverez (sauf exception) votre prochaine team et idée startup. N’en abusez pas, un ou deux suffisent, après c’est de la pure perte de temps. Sortez différemment.
  • Pour les plus expérimentés et pour les profils plus techno/produit, les hackathons plus “spécifiques/spécialisés” (hackathon sur une techno donnée, sur une API donnée organisés par une boite (Eg: Twitter, Dropbox, Foursquare), sur un framework donné) seront eux l’occasion d’apprendre réellement plus et d’aller plus loin: pour le coup, des possibilités réelles d’embauches sont là à la clé et une bonne émulsion techno / produit au rendez-vous avec des gens moins novices. On rentre plus dans le sujet.. Par contre ça ne sera pas là que vous rencontrerez le plus de variété de profils, et bizguys vous risqueriez de vous ennuyer un peu.
  • Enfin, fuyez comme la peste tous les hackathons mercantiles à la “Meilleur développeur de France” et consorts qui ne seront que perte de temps et d’argent !

Et vous, quelle est votre expérience / ressenti sur les hackathons que vous avez pu faire ? Faites vous partie du complot modial ?

Venez goûter à l’expérience grisante d’un job dans une chouette startup techno: rejoignezunestartup.com!

Voici un bonne nouvelle dans le monde de la startup, de l’IT et du recrutement! Sous la coupe de Jean-Daniel de @capitainetrain, découvrez le projet de recrutement startup unique en France il me semble que nous avons monté, nous petites startups ambitieuses et généreuses: rejoignezunestartup.com!

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Quelques conseils pour rendre votre startup plus developer-friendly

Comme le montrent les réactions du précédent billet, un bon (voire un excellent) développeur ne rejoindra pas votre startup juste pour vos beaux yeux, trois nèfles, quelques pizzas et quelques bières. C’est sur ce point que nous avons décidé de plancher avec Guilhem cette semaine: comment rendre votre startup plus développeur-friendly ?

Une vraie situation d’équilibriste : comment, avec des moyens financiers limités et plein de batailles onéreuses à mener de front, valoriser le travail de vos développeurs, les gratifier à hauteur de leurs succès, de leur importance pour votre startup et les mettre dans les meilleures conditions possibles pour qu’ils produisent le meilleur d’eux-mêmes tout en « kiffant » réellement leur job? Attention, je ne dis pas ici de ne pas les payer, ni de les sous-payer! C’est un autre débat, si vous n’avez pas de sous, associez-les au projet, au capital, et il ne s’agit plus là d’employés mais de fondateurs qui prennent 100% des risques avec vous sans salaire. Ja parle ici de vos premiers réels employés, que vous payez, mais que vous ne pouvez engraisser honteusement comme peuvent se le permettre nos fameuses SSII, Web Agencies, banques, boites du CAC40 et consorts..

Je vous invite à lire la suite de cette réflexion co-écrite avec Guilhem sur son blog.

7 bonnes raisons pour quitter votre job en SSII ou Web Agency et rejoindre une startup

Aujourd’hui, un petit billet dans la série de co-écriture que nous avons entamé avec Guilhem il y a quelques jours. Ce coup-ci, c’est lui aux manettes pour le gros du billet!
La dernière fois que nous nous sommes croisés, nous avons pas mal discuté recrutement, code et ninjas, vaste sujet, assez critique pour une startup web. Je déplorais la “perte” de bons éléments (stagiaires, collègues, connaissances) en milieu SSII ou WebAgency quand nous est venu cette idée de billet qui fera peut-être grincer des dents certaines boites: 7 bonnes raisons pour tout plaquer et venir travailler dans une chouette startup!

A toi Guilhem!
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Bonjour à tous!
Ce n’est pas un secret : en France, on a un problème avec nos ingés et développeurs.
C’est vrai, ils font des écoles, des stages, tous les horizons leur sont ouverts, sont plutôt bons par rapport à leurs homologues étrangers… et patatras, les voilà qui se réfugient à 90% dans des SSII. Forcément, du point de vue de l’entrepreneur que je suis (et apparemment, je ne suis pas le seul), c’est frustrant, surtout lorsque l’on est persuadé que nos chers développeurs seraient bien plus heureux… dans nos startups !

Alors je m’adresse à vous, développeurs et jeunes padawans encore sur les bancs de l’école, en vous proposant quelques arguments pour vous aider à faire le grand saut, et à quitter (ou refuser de rejoindre) le monde affreuxxxxxxxxxx des SSII (beurk) :
  • L’argent ne fait pas tout. C’est sûr que de prime abord, les SSII ont une proposition de valeur assez alléchante : un bon salaire. Alors OK, en sortant des études, c’est sympa d’avoir un chouette niveau de vie, de pouvoir se refaire une garde-robe (ah, ah), et se payer des bières sans compter à la dépense. Pour ceux pour qui l’argent est le seul et unique critère, la SSII semble le bon endroit pour s’épanouir. Pour les autres, vous pouvez continuer la lecture et surtout, demandez-vous si, en-dehors de l’aspect salarial, le compte y est dans votre situation actuelle.

Développement web: tenez vos délais! (ou tout du moins, essayez..)

Je profite de l’excellente réponse de Michael Wolfe qui buzz pas mal sur Quora à la question “Pourquoi la majorité des développements informatiques explosent régulièrement le planning prévu d’un facteur 2 à 3?” pour me pencher à mon tour sur celle-ci et essayer d’apporter quelques pistes qui jusqu’à présent semblent ne pas trop mal fonctionner.

Comment planifier au mieux les développements de sa solution et de ses différentes versions/features afin de tenir au mieux les délais engagés? Cette fameuse question, je pense que tout entrepreneur y a déjà été confrontée et y sera confronté en permanence tout au long de son aventure.

Il s’agit là d’une question relativement cruciale à ce niveau, car contrairement à de plus grosses entreprises, le retard des développements en début de vie d’une entreprise sur ses releases peut avoir des conséquences désastreuses… Contrairement à une grosse entreprise toujours, il est impossible souvent d’obtenir des subventions supplémentaires, d’ajouter des développeurs à l’équipe tirant la langue pour compenser/rattrapper le retard ou de commercialiser quoi que ce soit en attendant la fin du projet.

Voici quelques pistes qui méritent je pense d’être explorées et adapter en fonction de sa startup pour essayer de mieux gérer cela: Continue reading

Qu’est ce qu’un Lead Dev (en startup)

Il arrive un temps dans une startup, plus ou moins tôt en fonction du profil des associés, de leur niveau et appétence technique, où il devient nécessaire de recruter un Lead Developeur (comprenez en français, “développeur en chef”. Oui, c’est beurk).

C’est mon cas actuellement. Et avant que de poster une offre, il convient de se poser et de réfléchir aux points suivants, afin d’avoir les idées claires:

  • À quoi correspond ce poste exactement? Quelles sont ses caractéristiques, comment s’insère-t-il par rapport aux postes existants?
  • Une fois ceci défini, de quel profil j’ai besoin au juste? De qui ai-je besoin?

Mon expérience personnelle m’a donné à réfléchir à ces points en deux fois, par une période d’essai d’intervalle..

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La traite des stagiaires (dev, en startup)

Ces derniers temps, plusieurs signes fugaces, diffus mais bien présents ne m’ont pas échappé: sur Twitter des “stage développement en startup non rémunéré, excellente ambiance” tandis que sur Linkedin, Remixjobs ou autre job board des “recherche stagiaire(s) expérimenté(s)” ou encore “stagiaire excellente connaissance en [remplacez ici par votre techno]” éclosent deci delà. A ne pas s’y méprendre, la saison 2012 des stages abusés est désormais ouverte!

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Développeurs & startup: vos diplômes et vos CV ne servent à rien (ou presque)

Soyons francs: dans le monde de l’entrepreneuriat, les premiers employés recrutés sont à peu de choses près le moteur de votre jeune succès ou la raison de votre échec prématuré.

Il est évident que le ou les fondateurs d’une startup détiennent l’idée, la vison de l’entreprise et en sont les maîtres d’oeuvre de son exécution. Mais dans une startup, le premier employé représente bien souvent plus de 25% du capital humain, les 4 suivants plus de la moitié.. Il est donc très important de “bien recruter”, selon des critères startup.

Bien que nombreux de ces critères se retrouvent aussi bien pour des recrues commerciales que techniques, je m’attarderai dans mon cas uniquement sur ce qui occupe 100% de mon temps de recrutement, la clé de voûte d’une startup web: le recrutement de profils techniques et développeurs.

Ce que je ne regarde pas (ou très peu): Continue reading