Beaucoup d’encre a coulé, et beaucoup de débats ont déjà été menés à ce sujet. À n’en point douter, c’est désormais une affaire d’état, la fronde des “pigeons” ne manque pas une occasion pour vociférer et se pavaner à la télé. Amusant aux premiers abords, je trouve que face à tant de véhémence et de revendications de basse-cour, rapidement ce mouvement a pris du plomb dans l’aile et j’ai bien peur en fin de compte que les “vrais” entrepreneurs en fassent les frais et deviennent les malheureux dindons de la farce. Mon sentiment à ce sujet n’est pas clairement tranché, c’est pourquoi j’ai mis un peu de temps à réagir, observant de loin tout d’abord la fronde des volatiles et les revirements/chavirements de ce gouvernement de femmes et d’hommes “normaux”. Entre ces deux points de vue, mon coeur balance:
- billet de Jean-Daniel Guyot, fondateur de @CapitaineTrain
- billet de Romain David, co-fondateur de @Wisembly
Schizophrène moi? :) Non je ne pense pas.
D’un côté, nous assistons impuissants à une succession de mesures changeantes sans fil conducteur, de gouvernements tous plus ignorants les uns que les autres de l’écosystème startup web français, atteignant certainement son point culminant actuellement. Je ne souhaite pas entrer dans le clivage UMP – PS trop souvent brandi en étendard, mais on assiste depuis longtemps et surtout aujourd’hui à une méconnaissance quasi-totale des mécanismes financiers supportant la création des jeunes pousses numériques (BA, Seed investment, VC..) qui désormais ont une épée de Damoclès aux dessus d’eux avec ce projet de loi des finances. Ce souci actuel et maladif de tout taxer égalitairement, d’harmoniser la taxation de la croissance entrepreneuriale sur des paliers de l’IS ou de l’IR, c’est apposer une énorme chape de plomb sur l’économie numérique, sur la capacité/faisabilité d’entreprendre et jusqu’à toucher au coeur de la création d’entreprise: la volonté d’entreprendre elle-même.
De l’autre, un mouvement “anonyme”, véhément et au nom ridicule, monté de toutes pièces il me semble par une agence de com’, quelques fondateurs et Business Angels mal intentionnés (qui souhaitent continuer à se la roucouler douce.. désolé, j’avais envie de le placer..), défendant maladroitement sur le fond comme sur la forme l’opposition à ce projet de loi et passant à côté des vraies valeurs qui devraient être au centre du débat. Plutôt que de s’indigner numériquement, mettre en avant un nombre surprenant de “likers” ou “fans” Facebook qui n’ont certainement que suivi le mouvement en ayant aperçu de la lumière et en survolant le sujet, pour engager un simple rapport de force manichéen à la sauce “vous n’y comprenez rien vous le gouvernement et nous on est vachement nombreux à vouloir vous voler dans les plumes”, ne pas préférer des interventions plus pacifiques et didactiques comme le fait Gilles Babinet par exemple et d’autres depuis le début de la fronde et la proposition de loi?
Quelle image des jeunes entrepreneurs comme moi ou ceux que je côtoie cela donne au gouvernement et au reste de la France? Pas celle que je souhaiterais donner en tout cas.. Et le pire dans tout cela, c’est que cette gronde aviaire use de mon cas, de ma condition, dans sa croisade hargneuse contre le gouvernement et ce projet de loi. M’y voila de facto inclus, sans mon mot à dire!
Quelques pistes d’amélioration? Pourquoi ne pas créer une “commission indépendante du numérique”, où les membres, entrepreneurs du web et du numérique (à définir) enverraient une délégation choisie (à définir) et raisonnable pour aller discuter, tout aussi raisonnablement avec le gouvernement actuel, pour ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier, et défendre factuellement et raisonnablement la réalité de notre écosystème, faciliter la compréhension des mécanismes délicats favorisant et appuyant la création d’entreprise, la création de valeur, de compétitivité ou encore d’emplois, afin de réfléchir comment aider ceci et non pas lui couper les ailes par pure méconnaissance comme c’est le cas actuellement.
Cette volonté, utopique peut-être, ou erronée aussi, ne fera certainement pas avancer le débat, mais le but de ce post (qui était d’être court avant tout.. raté..) était simplement de faire savoir mon mécontentement envers mon gouvernement ”normal”, tranchant dans les grandes lignes à tout va et à grand renforts d’harmonisations “taxatives” (taxatoires?) profondément inégalitaires et décourageantes, sans prêter attention aux petites subtilités réelles des cas comme le nôtre, celui des entrepreneurs français, et sans regarder non plus au niveau de l’Europe. Mais aussi et surtout faire savoir mon refus farouche et total d’appartenance ou d’assimilation au mouvement des #geonpi, qui ne me représente pas et dans lequel je ne me reconnais pas.
Pour conclure, il me semble que certains indignés devraient se remettre vite au travail et laisser les personnes adéquates faire entendre leur voix au milieu de ces piaillements assourdissants et nuisibles à tout l’écosystème startup web, pour expliquer à notre cher gouvernement qu’ils se trompe de cible ou alors qu’il n’a tout simplement pas assez étudié la question / pris connaissance des acteurs et mécanismes de l’économie numérique actuelle en France comme en Europe. Enfin, je plains certaines minorités qui comme moi actuellement se font représenter par les mauvais représentants et de bien mauvaise façon sans n’y pouvoir grand chose ni avoir demandé quoique ce soit à quiconque, c’est fort déplaisant.
Les #geonpis cachent le plus pertinent. Le problème n’est pas l’entreprenariat. Nous avons la volonté d’entreprendre et nous entreprendrons. Le problème c’est l’investissement. Aujourd’hui la France est encore attractive en terme de capital d’investissement, et il n’est pas encore facile de se faire fonder. Il ne faut pas inverser la tendance.
C’est pour cela qu’on n’est pas rassuré. Les Fonds d’investissement que le gouvernement veut sanctionner pour des motifs de justice sont les moteurs de l’entreprenariat et de l’innovation.